lirik lagu les flots de l’enfer – akitsa
vers la mort. la marche est longue. entre villes carbonisées et banlieues nauséabondes, entre visages contrits et corps désabusés, par monts et vallées ou par terres souillées et déserts maudits, qu’importe. la faim, la soif, la douleur -ssaillent. les montagnes sont de béton et d’acier. le souffle chaud et humide qui caresse mon cou ne provient pas d’un vent austral, mais d’une bouche d’égout. qu’importe. les forêts de carc-sses de voiture sont des forêts. les déserts des centres commerciaux sont des déserts. l’océan de pourriture qui s’étend à perte de vue est un océan. qu’importe. ma demeure… ma demeure est celle d’un prince. d’un prince déchu. vaste. vaste comme l’esprit d’un prisonnier à mort rêvant d’une nuit chaude, d’un repas, d’une femme. la marche est longue. des lambeaux de chair s’arrachent à mes pieds. sans ces purulences, ils auraient l’air appétissant. le froid. la douleur. la faim. mais je marche. l’objectif est oublié. un but… quel but? ma mémoire n’est qu’une succession d’images disparates sans trame de fond. mon p-ssé ne m’appartient plus. il est celui d’un autre. qui n’existe plus. ou qui n’a jamais existé. qu’importe. mon futur s’annihile au rythme de mes pas. pas en cadence. pas lourds et pas de danse. me menant plus loin. rebroussant mon chemin. mais toujours vers la mort. qui seule me tient en vie. que reste-t-il? un présent vain. une route hasardeuse. des souvenirs douteux. une destination. est-ce une illusion ou ces oiseaux me suivent? leur nombre grandit du moins. ils se battent pour picorer les miettes de pain moisi qui marquent mon chemin. ils sont bruns, gris, sales, les yeux noirs, profonds. mais ce n’est pas un regard. c’est un puits. immense. sombre. confortable. la marche est longue. mais j’ai de bonnes compagnes. la solitude, la douleur, la faim. je n’ai plus froid. ce matin, j’eus même chaud. ces oiseaux étaient tous perchés sur moi. ça me faisait un manteau. un apparat de roi. chaque pair de yeux étaient autant de joyaux. un vrai roi! enduit de goudron et de plumes… je n’ai plus faim. je n’ai plus rien. mes tripes pendent de mon abdomen, mes yeux de leur orbite. je peux toucher à mon fémur, à mes tibias. les côtes à vif. je n’ai plus de visage. mangé par mes compagnes. mangé par ces oiseaux. là. que chair putréfiée et vers frémissants gisant sur un quelconque chemin, je suis bien. et je sais qu’il n’y a qu’un seul dieu et mon odeur est son prophète!
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