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lirik lagu la fierté de mon père – cours de français accéléré

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lorsque ma mère allait au marché, elle me laissait au passage dans la classe de mon père, qui apprenait à lire à des gamins de six ou sept ans. je restais assis, bien sage, au premier rang et j’admirais la toute*puissance paternelle. il tenait à la main une baguette de bambou : elle lui servait à montrer les lettres et les mots qu’il écrivait au tableau noir, et quеlquefois à frapper sur les doigts d’un cancrе inattentif

un beau matin, ma mère me déposa à ma place, et sortit sans mot dire, pendant qu’il écrivait magnifiquement sur le tableau : « la maman a puni son petit garçon qui n’était pas sage. »

tandis qu’il arrondissait un admirable point final, je criai : « non ! ce n’est pas vrai ! »

mon père se retourna soudain, me regarda stupéfait, et s’écria : « qu’est*ce que tu dis ? »

— maman ne m’a pas puni ! tu n’as pas bien écrit !

il s’avança vers moi :

— qui t’a dit qu’on t’avait puni ?

— c’est écrit
la surprise lui coupa la parole un moment

— voyons, voyons, dit*il enfin, est*ce que tu sais lire ?

— oui

— voyons, voyons … répétait*il

il dirigea la pointe du bambou vers le tableau noir

— eh bien, lis

je lus la phrase à haute voix

alors, il alla prendre un abécédaire, et je lus sans difficulté plusieurs pages …

je crois qu’il eut ce jour*là la plus grande joie, la plus grande fierté de sa vie

lorsque ma mère survint, elle me trouva au milieu de quatre instituteurs, qui avaient renvoyé leurs élèves dans la cour de récréation, et qui m’entendaient déchiffrer lentement l’histoire du petit poucet … mais au lieu d’admirer cet exploit, elle pâlit, déposa ses paquets par terre, referma le livre, et m’emporta dans ses bras, en disant : « mon dieu ! mon dieu ! …»

sur la porte de la classe, il y avait la concierge qui était une vieille femme corse : elle faisait des signes de croix. j’ai su plus tard que c’était elle qui était allée chercher ma mère, en l’assurant que « ces messieurs » allaient me faire «éclater le cerveau»

a table, mon père affirma qu’il s’agissait de superstitions ridicules, que je n’avais fourni aucun effort, que j’avais appris à lire comme un perroquet apprend à parler, et qu’il ne s’en était même pas aperçu. ma mère ne fut pas convaincue, et de temps à autre elle posait sa main fraîche sur mon front et me demandait : « tu n’as pas mal à la tête ? »

non, je n’avais pas mal à la tête, mais jusqu’à l’âge de six ans, il ne me fut plus permis d’entrer dans une classe, ni d’ouvrir un livre, par crainte d’une explosion cérébrale. elle ne fut rassurée que deux ans plus tard, à la fin de mon premier trimestre scolaire, quand mon institutrice lui déclara que j’étais doué d’une mémoire surprenante, mais que ma maturité d’esprit était celle d’un enfant au berceau
d’après marcel pagnol

la gloire de mon père

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